Maintenant, la saison de formulation des hypothèses est passée, l’adresse étant déjà faite ! Comment s’y est-il pris ? Quel ton a-t-il adopté ? Par où a-t-il mis le curseur pour donner de l’originalité à cette adresse qui se veut solennelle ?
Je me propose d’analyser ici la performance discursive en question et établir au besoin quelques parallèles avec celui qu’il a tenu en 2018. Il s’agira tout d’abord de voir si ce bilan de santé général dressé par le médecin-chef Kassory Fofana reflète la situation réelle du patient qu’est la Guinée. Il sera aussi question, pour filer la métaphore, de se demander si ses prescriptions médicales sont en adéquation avec le diagnostic fait.
l’hôte de marque de l’Assemblée nationale a fait ce Mercredi un diagnostic de la situation nationale assorti de projections, de perspectives. C’est du reste le format type de ces genres de discours. Ils s’inscrivent tous dans une double, voire une triple, perspective : assertive (état des lieux, description des réalités), mais surtout directive (orienter les actions, mettre en garde, fermeté) et promissive, (proposition de perspectives ou solutions pour endiguer les problèmes constatés).
Comme en 2018, le discours de Docteur Kassory n’a pas dérogé à sa règle habituelle. Pour s’en convaincre, il faut noter qu’au niveau assertif, le PM a fait un état des lieux des différents départements ministériels en mentionnant les remous sociaux et politiques entre autres. C’est donc un discours constitué de lieux communs. Ce qui est compréhensible dans la mesure où, comme nous le prévoyions, même si les contextes ne sont pas forcément les mêmes mais les défis sont similaires à ceux de son discours passé.
Le discours du Premier ministre a été profondément émaillé d’aspects directifs et promissifs. Il reste ainsi l’esprit et la lettre de l’exercice. Beaucoup d’orientations, d’actions fortes, de promesses comme en témoignent la multitude de verbes au futur, la kyrielle de verbes d’action et de verbes à l’impératif : « Veiller à, je veillerai, je m’engage, mon gouvernement s’engage, le gouvernement mettra, Gouvernement entend, j’engage le gouvernement, il faut impérativement… » par exemple.
Peut-on parler de faiblesse de ce discours ? Possiblement OUI. La faiblesse, si c’en est une, c’est le fait que c’est un discours politique. Un discours de politique générale, qui se caractérise, en fait, plus par sa dimension directive et promissive sans aucun indicateur, c’est-à-dire qu’il s’attarde plus sur ce qu’on fera. Hors les Guinéens veulent voir avant de croire.
C’est là le côté malaisé de l’exercice. Donc sa faiblesse est que ce n’est pas un discours performatif dont le dire se réalise à l’instant même.
Parlons d’ailleurs de ces promesses tenues, il y’en à une dizaine, mais l’essentielle de ces promesses ont été tenues dans son discours de 2018 sans qu’aucune réalisation ne puisse suivre après pour certaines.
Celles qui ont particulièrement attiré mon attention sont entre autres :
Ces promesses malgré le fait qu’elles manquent complètement d’indicateurs sont des bonnes annonces. Il nous revient en tant qu’acteurs de la société civile disposants des outils de veille et de contrôle citoyen de l’action publique d’être vigilants et regardants.
La particularité ou force de l’adresse réside dans le format du discours et surtout dans son rendu, dans sa performance. Mais sa valeur absolue sera mesurée à l’aune des effets perlocutoires escomptés.
Dorah Aboubacar KOITA
Juriste consultant en Gouvernance et Développement Local,
Président de la Jeunesse CEDEAO Guinée.
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